Rouge et blanc avec un cèdre au milieu
Nous vivions depuis deux ans au Liban, je venais juste de partir en vacances lorsque la guerre a éclaté ... je laissais là-bas mon mari et mon fils ...
Durant ce séjour de 2 ans nous avons subi 13 attentats dont celui meurtrier du 1er ministre libanais Rafik Hariri.
Le printemps de cette année là
Avait éclaté
Dans une moisson
De drapeaux aux couleurs du Liban.
Un espoir insensé
Répandait des sourires
Partout dans les rues,
On avait envie de prendre la main
Aux gens qu’on ne connaissait pas,
Il y avait de la fièvre dans les yeux,
On avait chassé l’importun,
Au prix des martyrs assassinés
Ou blessés.
Tout était possible,
On voulait…
Vivre à nouveau
Et non plus survivre…
Et …
La guerre …
A fait gicler
En gerbe de sang
L’été qui débutait,
Dans une explosion de haine,
De vengeance,
Et de désir de domination …
Le pays reconstruit,
Etait
De nouveau en ruine …
Les civils tombaient,
Tombaient,
Tombaient ...
Le sourire du printemps
Devenait un abominable rictus,
Dans cet été meurtrier.
Loubnan mon cher Loubnan
Etait
A feu et à sang …
De nouveau le feu des bombes
Dans des vacarmes
Inhumains,
La peur,
Les larmes,
L’effroi,
Les blessés
Et les morts …
Tant de morts …
Trop de morts … !
J’imagine les beaux yeux d’Andrée
Terrifiés …
Je regarde à la télévision
Comme dans un cauchemar,
Le mauvais film
Qui me tient
Pétrifiée
Devant l’écran,
Je pense à tous nos amis,
A mes deux amours
Qui sont ensembles
Là-bas,
D’où je viens de partir …
Et alors,
L’irrésistible envie
De courir les rejoindre
Me dévore,
Je me sens lâche, inutile et voyeuse …
Loubnan, cher Loubnan
Quelle place tu as pris dans mon cœur … !
Eve, le 5 Juillet 2006